Mastère ME310

Visualiser pour collaborer : l’impact de la facilitation graphique

21/11/2025

Il y a quelques semaines, les élèves du ME310 ont suivi un cours de facilitation graphique. Ils ont pu appliquer différents exercices et comprendre les principaux avantages de la facilitation graphique, ainsi que la manière de les utiliser concrètement dans leurs projets. Ce temps d’apprentissage leur a permis de découvrir une nouvelle manière de structurer leurs idées, de collaborer et de communiquer visuellement dans le cadre de leur travail d’équipe.

Alors, on pourrait se poser la question : en quoi la facilitation graphique n’est-elle pas un simple “dessin joli”, mais un outil stratégique au service des équipes projet, et un outil puissant du design thinking ? La réponse tient autant dans la posture adoptée que dans la valeur ajoutée qu’apporte le visuel pour clarifier, relier et partager les idées.

Qu’est-ce que la facilitation graphique ?

C’est l’art de rendre visuels des concepts plus ou moins complexes, des idées ou des échanges afin de mieux les comprendre et de les rendre accessibles. Ce qui, par conséquent, aide aussi à les retenir et à les partager.
On pourrait le résumer très simplement par : traduire en dessin.
Ce qui peut être très utile, surtout quand on sait que l’on retient mieux ce que l’on dessine (nous vous invitons à lire une étude sur le sujet : Dossier 3. Mémoriser mieux grâce au visuel, Xavier Delengaigne & Cyril Maitre).

Par ailleurs, le dessin est international : il est utilisé depuis la période préhistorique pour décrire et raconter des histoires. C’est une langue universelle, aussi bien géographiquement qu’historiquement, et il peut être utilisé à tout âge, dans tout environnement. Cette dimension universelle renforce son utilité dans des équipes pluridisciplinaires, où chacun n’a pas toujours les mêmes références ou la même culture de travail.

Traduire en images, c’est déjà organiser sa pensée

La traduction en image implique une sélection et une organisation de l’information : on doit représenter, mais pas tout. Cela demande de synthétiser, regrouper, imaginer, symboliser. Cette synthèse facilite déjà grandement le partage : on ne dit pas tout, on garde l’essentiel, ce qui force à clarifier sa pensée.

Cet outil peut être utilisé en collaboration : tout le monde peut parler, contribuer, co-construire l’organisation de la feuille et de l’information. On peut décider ensemble de ce qui est important ou non. Le débat peut ensuite naître à partir du dessin.

Comme le dessin doit être rapide, on demande un niveau graphique schématique. Nous ne sommes pas aux Beaux-Arts : ce n’est pas un exercice de style, mais bien un exercice de synthèse. Le dessin, comme dans le visual thinking, doit être à peine plus évolué que le niveau d’un enfant de 4 ans : on doit comprendre vite, grâce à des formes simples, quelques couleurs, parfois des mots et des flèches, et c’est tout !

Un outil pour vérifier la compréhension commune

Traduire sa pensée, ou ce que l’on a compris, en image est un excellent moyen de vérifier si tout le monde comprend la même chose, ou si des idées divergent. Le débat peut alors émerger sur les désaccords et aider à aller plus loin dans la réflexion.

Tout le monde peut y participer : c’est un outil puissant pour valoriser et mobiliser l’intelligence collective, les points de vue multiples et les expertises pluridisciplinaires. Chacun devient acteur de la synthèse : lorsqu’on dessine, on produit, donc on s’engage. Cela favorise une plus forte appropriation du contenu et une meilleure participation du groupe.

Rendre tangible ce qui est flou

La facilitation graphique sert aussi à clarifier ses idées. L’innovation peut parfois être intangible, s’appuyer sur des concepts complexes, parfois un peu flous. Le dessin aide à y voir plus clair.

Face à un problème complexe, la compréhension des systèmes est essentielle. La facilitation graphique permet de rendre visibles les liens entre parties prenantes, les conséquences, les interactions systémiques. Tout cela devient tangible, ce qui enlève le flou et facilite la création. Elle devient alors un véritable outil de réflexion, capable de matérialiser des idées abstraites pour mieux décider, prioriser ou transformer.

Un outil présent tout au long du design thinking

Cet outil peut intervenir à plusieurs moments du processus de design thinking :

dans les phases divergentes (idéation),
dans la synthèse,
dans la recherche ethnographique.

Nous avons proposé un exercice aux élèves : traduire de façon synthétique, par le dessin, un podcast. En même temps que la parole se déroule, ils peuvent traduire en dessin, synthétiser des systèmes complexes et ainsi mieux les comprendre, les apprendre, les partager et les réutiliser. Cet exercice a montré à quel point le visuel aide à structurer l’information en temps réel et à conserver l’essentiel sans se perdre dans les détails.

A la d.school

Cet outil est donc très valorisé à la d.school, et nous vous invitons à l’utiliser sans modération dans votre travail, que ce soit pour vous-même ou en groupe. Si cet exercice semble peu instinctif pour certains au début, il suffit d’essayer, puis de recommencer encore et encore, jusqu’à ce que votre regard et votre pensée s’accordent pour y voir plus clair.
Plus on s’entraîne, plus l’exercice devient naturel, jusqu’à devenir indispensable. Donc surtout, pas de panique si au début c’est difficile : comme un muscle, il suffit de l’entraîner pour qu’il devienne plus fort et plus facile à mobiliser.